Le monde du travail connaît depuis une quinzaine d’années une vague de suicides sans précédent. Après avoir défrayé la chronique au sein des anciens monopoles d’Etat comme RENAULT, la SNCF, ORANGE ou LA POSTE à compter des années 90 dans le cadre des mutations historiques, le suicide touche désormais, de façon particulièrement alarmante, plusieurs secteurs comme l’hôpital public ou la police.
Traditionnellement étudié par les psychiatres et les médecins légistes, le suicide pénètre la sphère professionnelle et pose la question accrue de la responsabilité de l’employeur, public ou privé, et de la vulnérabilité de l’être humain confronté à des cadences devenues quasi insupportables, dans une économie contrainte à l’extrême et ultra automatisée, de façon parfois extrêmement insidieuse.
Il existe très peu de statistiques sur le lien entre le suicide et le travail, la plupart des études portant sur la santé mentale ou la situation psychosociale personnelle du suicidé/suicidant. Ainsi, les experts relèvent des risques élevés chez certaines personnes victimes de troubles de la santé mentale ou des personnes âgées, en situation de précarité ou au chômage. Pour autant, surtout lorsqu’il se déroule sur le lieu de travail, le suicide revêt une symbolique forte en lien avec les conditions de travail.
Ainsi se pose la question de l’importance du travail dans nos sociétés comme construction de l’identité de l’individu.
Si le suicide est, selon Camus, la seule question philosophique sérieuse, il interroge aussi sur les infractions multiples à notre philosophie du travail selon laquelle il faut adapter le travail à l’homme et non l’inverse. A l’ère de la 4ème révolution industrielle où le capital humain semble redevenir, comme au temps de l’ère industrielle, un simple outil que l’on souhaite le plus automatisé possible, sans émotion venant perturber la recherche parfois absurde d’ultra-rentabilité, la question de la mort au travail et sur le lieu de travail doit réveiller les consciences sur la mutation complexe des conditions de travail.
Les réactions de rejet et de stigmatisation de la fragilité de l’humain sont autant de chocs éthiques qu’il convient d’analyser et de comprendre. Aujourd’hui encore, la vulnérabilité du suicidé ou du suicidant est pointée comme une faille interne qui serait l’unique cause du passage à l’acte, dans une société qui valorise l’ultra-performance et l’endurance individualiste, y compris en empiétant à l’extrême sur l’équilibre personnel du travailleur et de sa relation au groupe, rompant tout lien structurant et social avec les autres.
Si le suicide peut s’expliquer par des causes multifactorielles, pour autant le droit reconnaît son imputabilité au service lorsque la cause déterminante est le travail. Admettre que le suicide est complexe et multifactoriel déresponsabiliserait ainsi les différents acteurs témoins voire contributeurs larges du geste fatal. Personne ne peut arbitrer le choix intérieur du suicidé, comme liberté ultime sur son propre corps et sa propre existence mais pour autant, il convient de déterminer ce qui a pu déclencher le besoin de mettre fin à une souffrance devenue intolérable.
On ne choisit pas de mourir mais d’arrêter de souffrir. Qui aurait pu aider ? Qui a sonné le glas ?
Pour interroger le système et proposer des éléments de réponse, Christelle MAZZA invite le Professeur Christophe DEJOURS, médecin du travail, psychiatre et psychanalyste, co-auteur notamment de l’ouvrage « Suicide et Travail : que faire ? » paru en 2009 aux éditions PUF, et Nicolas SILHOL, réalisateur du film CORPORATE sorti en salles en avril 2017, racontant le parcours éthique d’une DRH d’entreprise et du suicide d’un salarié (avec notamment Lambert WILSON et Céline SALLETTE).
La conférence-débat sera accueillie le jeudi 25 janvier 2018 au restaurant l’Evasion (Paris 8e) par son capitaine Laurent BRENTA à compter de 18h30 et sera suivie d’un dîner 2 étoiles signé par le chef Gérard CAGNA jusqu’à 22h00 afin de poursuivre de façon conviviale et intime les débats. Les places sont limitées à 30 et uniquement sur réservation préalable pour un montant de 90 euros comprenant la participation à la conférence et le dîner (mets et boissons). Pour ceux qui n’auraient pas pu assister à l’événement, il sera filmé et diffusé sur cette page, par Patrice BARLETTA.
Menu signé par Gérard CAGNA – Chef 2 étoiles
Velouté de brocolis en tasse au persil plat
Carpaccio de haddock et suprêmes de pamplemousse roses, petits câpres ciboulette et huile d’olive
Selle d’agneau rôti servie en noisettes, tagliatelles de céleri, pavé coustillant de Polenta « pour Christelle » aux raisins de Corinthe et magret fumé.
Tarte au citron maison « L’Evasion »
Café et mignardises
Vins choisis par Laurent BRENTA
Bourgogne Blanc Domaine Trapet 2016 – Côtes du Rhône Villages « Le Zazou » 2016 – Domaine de Gramenon.
Réservez votre participation 90 euros en envoyant un mail à l.murdoch@armide-avocats.com
1 Commentaire
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S’il reste de la place pour cet évènement, j’y serai. Le thème est essentiel aujourd’hui ; l’entreprise est trop souvent pathogène, l’humain y est oublié et les dégâts sont parfois irréversibles.